Michel, 50 ans, le fragile
Un truc indispensable : les morceaux de sparadrap sur les tétons. J’ai fini mon premier marathon avec le T-shirt plein de sang tant ils étaient abîmés. Je n’avais rien senti pendant la course, mais à la douche… J’ai morflé. Après ça, généralement, tu fais gaffe.
D’un point de vue hygiénique, le marathon de Paris est assez léger comparé aux grandes courses anglo-saxonnes. Pas de toilettes au départ, sur les Champs Elysées, alors chacun fait dans une bouteille. Jusqu’ici, ça va. Sauf que tout le monde balance sa bouteille au début, et c’est un vrai champ de mine. C’est quand même dommage de se fouler la cheville au bout de 500 mètres, il s’agit d’être très attentif. Quand tu sens un liquide chaud sur ta jambe, il est trop tard.
Il ne faut pas s’enflammer. Le départ sur les Champs, c’est l’embouteillage, tu peux commencer à courir seulement 25 minutes après le coup de pistolet si tu es mal placé. Emporté par la foule, on a tendance à partir en surrégime, à oublier de se ravitailler. Il faut garder son calme et ses temps de passage prévus.
Jérôme, 29 ans, le buveur.
Trois commandements : boire, boire et boire. Si tu attends d’avoir soif pour boire, tu es déshydraté. Donc foutu.
J’aime bien parler en course, motiver les gars que je dépasse. Certains finissent même avec moi. A partir du 30e kilomètre, je redouble d’encouragements pour les copains. C’est là que ça devient difficile. Tous les marathoniens vous le diront : les 30 premiers kilomètres, c’est de l’échauffement, de la balade. La course, et la souffrance, commencent après.
Tu évites la nouveauté le jour du marathon. Tu connais les difficultés du parcours. Et puis pas de T-shirt neuf, pas de baskets ou de chaussettes neuves, pas de boisson énergétique inédite… tu connais ce que tu portes, ce que tu prends au «ravito». Une fois, j’ai mangé une crêpe dans la course, sur un stand tenu par des Bretons. J’étais mal, ce n’était pas dans mes habitudes alimentaires.
Quatre jours avant la course, je commence le régime pâtes. Midi et soir, 200 grammes environ par repas. La veille du marathon, on se fait une petite «Pasta party» avec les copains, c’est un moment convivial. Au menu ? Pâtes et sauce tomate, on évite le gruyère. Bon, ce n’est pas la fête du siècle, surtout qu’il faut se coucher tôt. Le petit déjeuner, lui, se prend au moins trois heures avant la course, histoire de bien digérer.
La dernière fois, j’ai vu un ancien parachutiste pleurer quand on a franchi la ligne d’arrivée. A chaque fois, des camarades disent : ‘c’était le dernier’. Mais ça passe rapidement.
Ah, les mecs n’arrêtent pas te parler pendant la course. Ils ont beau cracher, se moucher dans le vide, ils viennent compter fleurette comme si de rien n’était ! Si tu portes un collant, ça n’aide pas. C’est un monde encore assez masculin, on était 17 % de femmes à Paris l’an dernier.
Les marathons aidant, on gère mieux les courbatures et les douleurs d’après course. Bon cela n’empêche pas mes enfants de se moquer en gambadant autour de moi quand je reviens fourbue à la maison. Ils savent qu’ils ont l’étage pour eux pendant trois jours, je ne monterai pas les surveiller !
Mathieu Grégoire
PS : Tous les (autres) tuyaux pour un marathon réussi : www.courirlemonde.org, le site des fadas de la distance reine.