Quand les sportifs parlent politique

« Mon choix sera réfléchi »

« En 2002, je suivais ma mère. Elle a dit Chirac, j'ai voté Chirac. » Cinq après, Jacques Faty est devenu indépendant et féru de discussions politiques : « J'adore contester les gars du staff quand la prestation d'un candidat les a convaincus » Le modèle, dans le foot comme dans la vie, s'appelle Lilian Thuram : « J'ai suivi son désaccord avec Sarkozy. Et je le trouve valable. » Le défenseur du Stade Rennais se veut footballeur engagé : « Mon choix sera réfléchi. Je ne veux pas être comme tous ses sportifs qui votent blanc, ou pas du tout. Je ne veux pas suivre la masse comme un mouton. » Il n'a rien contre le ralliement d'une personnalité à un candidat, sauf « s'il est aussi sincère que celui de Doc Gynéco... »

Il a voulu rencontrer Ségolène Royal lors de son passage à Rennes, s'est ravisé « parce que cela faisait trop de bruit. » Mais clairement, le jeune père est séduit : « Sur le social, la famille, j'adhère à son discours. » Il n'a pas d'opposition de principe à Nicolas Sarkozy, juste une intuition déplaisante : « Il ne dit pas que des choses bêtes. Il est bon orateur, meilleur que Royal. Mais parfois, il part dans son délire : Islam, « Kärcher », 2e porte-avions. Il me fait peur. »



Jacques Faty n'oublie pas d'où il vient : « J'ai toujours des proches dans mon quartier, à Épinay-sous-Sénart dans l'Essonne. Cela permet de garder les pieds sur terre. » Il parle souvent de la banlieue, regrette le temps de la police de proximité, quand « les jeunes demandaient des conseils à l'homme derrière l'uniforme, pas au flic. » A Rennes, il n'hésite pas à épauler ses camarades novices : « Quand tu as ta première fiche de paie, tu gagnes déjà plus que tes parents réunis. Tu changes de voitures, tu achètes des vêtements. Je sensibilise certains : la vie ne se résume pas à ça. »